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SHERMAN TANK Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Medium Tank M4 est le char américain moyen le plus produit, pendant la Seconde Guerre mondiale : près de cinquante mille exemplaires sont réalisés dans des versions très variées. Son surnom de Sherman, lui est attribué par les Britanniques, quand ils reçoivent leurs premiers exemplaires dans le cadre de la loi de prêt-bail, continuant sa tradition de nommer les chars d'origine américaine d'après le nom d'un général célèbre de ce pays. L'US Army adopte par la suite ce surnom, et le Medium Tank M4 est dès lors appelé M4 Sherman. Les Canadiens, par contre, surnomment les leurs Grizzly, et les Soviétiques Emcha.
Conception et début de la production de masseLe char M4 est le descendant direct de son prédécesseur, le M3 Lee, dont il reprend en grande partie le châssis. Le travail sur le char commence le 29 août 1940, juste après la décision de mettre en production le M3. En mars 1941, une tourelle pouvant embarquer un canon de 75 mm est conçue, et en septembre le prototype T6 est achevé et envoyé au centre d'essais d'Aberdeen. Ceux-ci se révélant satisfaisants, on décide de lancer une production de masse du modèle. Le programme de fabrication implique onze usines, réparties sur tout le territoire des États-Unis. Cependant, le groupe moteur prévu, un V8 Ford de 500 CV, n’en est encore qu’à la fin des essais quand la production des premiers chars s’achève. Pour y remédier, l’armée américaine utilise ce qui existe déjà. Comme pour le M3, plusieurs dérivés utilisant des groupes propulseurs et des techniques de production différents sont donc mis au point. Cette politique permet de diversifier au maximum les sources d'approvisionnement, en particulier des moteurs, et d'utiliser les capacités des usines sans bouleverser leurs techniques de travail. Cette souplesse, associée au fait que le M4 partage beaucoup d'éléments avec le M3, permet un démarrage très rapide de la production, la cadence mensuelle de sortie atteignant mille exemplaires dès la mi-1942. Cinq versions du char sont donc produites et évoluent en parallèle.
L'évolution
Les premiers exemplaires de M4 comportent deux caractéristiques issues du T6, qui disparaissent assez rapidement : deux mitrailleuses fixes de caisse M1919A4, réglables en élévation de -6° à +8°, actionnées par le conducteur. Elles sont supprimées dès le 6 mars 1942. Une grande porte latérale sur le flanc de la caisse, servant pour l'accès rapide de l'équipage, est supprimée également. Les premiers exemplaires sont armés d'un canon M2 de 75 mm, plus court que le canon M3 monté sur le char M3, et qui nécessite le montage de contrepoids au niveau de la bouche pour rester compatible avec la stabilisation gyroscopique de l'armement. Le montage du M3 élimine ensuite le besoin de ces contrepoids. L'affût de canon initial, le M34 est bientôt supplanté par le M34A1 qui, plus large, embarque une lunette directe en plus du périscope de visée de son prédécesseur. De plus, le bouclier de la mitrailleuse coaxiale M1919A4, auparavant indépendant, est rendu solidaire de celui du canon. À partir de l'été 1942, une nouvelle suspension dite Heavy-duty est montée sur les M4 de toutes versions. La petite roue de retour de la chenille est déplacée sur l'arrière de la bougie, et les ressorts verticaux voient leur diamètre accru de 2,5 cm. Les roues de route à rayons, employées sur les premiers M4A2, disparaissent assez vite au profit de modèles pleins. Les premiers engagements du char révèlent qu'il a tendance à s'enflammer assez facilement après avoir été atteint par un obus antichar. Après une étude, on attribue ce défaut aux compartiments latéraux de munitions et, pour amoindrir la vulnérabilité, on ajouta une applique soudée de blindage couvrant leur emplacement. Par la suite, la protection de la caisse est entièrement repensée. Les compartiments de stockage de munitions adoptent la technologie du stockage humide, dans laquelle les dix casiers de dix obus sont plongés dans un bac de 140 litres d'eau, additionnée de méthanol comme antigel et d'un produit anticorrodant. De plus, la partie avant de la caisse est entièrement redessinée, l'inclinaison de la plaque de blindage passant de 56° à 47° et son épaisseur de 51 à 64 mm. À cette occasion, les fentes de vision directe du pilote cèdent la place à de nouveaux épiscopes. Ce nouveau char, désigné M4A3(75)W ou M4A3W (le W pour Wet humide, en référence à son système de stockage de munitions), mieux protégé, sert de base aux développements ultérieurs du Sherman. Les efforts suivants vont porter sur la puissance de feu du M4, qui montre ses limites face aux chars allemands les plus modernes comme les Panther, ou les Tigre. Le premier essai est britannique, avec le montage de leur canon de 17 livres dans une tourelle standard de Sherman. Connu sous la dénomination "Sherman Firefly" (libellule), il est particulièrement réussi, et se révèle déterminant pour lutter contre les chars de la Wehrmacht, au cours des opérations en Afrique et en France. Tant et si bien que même les unités américaines l'adoptent, 80 exemplaires de M4A3 étant ainsi transformés. Cependant, l'industrie aux États-Unis adopte une autre solution pour sa production, en montant une nouvelle tourelle T23 embarquant un canon de calibre 76,2. Ce dernier, le M1, est de fabrication nationale et non britannique. Les premiers chars M4A1(76)W, armés du nouveau canon apparaissent peu après le débarquement de Normandie, ils sont rapidement suivis par des M4A3(76)W. Dans le même temps apparaît une version d'appui feu armée d'un obusier de 105 mm, le M10. Bien que fabriqué avec des caisses récentes, avec un glacis incliné à 47°, il est dépourvu pour des raisons de masse du système de stockage humide. L'aboutissement de la série est la version M4A3E8, équipée de la nouvelle suspension HVVS (horizontal volute spring suspension) où les ressorts agissent dorénavant à l'horizontale. Bien que cette suspension ne lui apporte pas un gain de vitesse sur route, étant combinée avec de nouvelles chenilles plus larges T80 ou T84 elle se révèle plus à l'aise en tout terrain, gagnant le surnom de Easy Eight (le huit facile). Elle est très utilisée à partir de la Bataille des Ardennes et au delà.
EmploiLe Sherman est engagé pour la première fois au combat lors de la bataille d'El-Alamein, en octobre 1942. La 8e armée, lors de sa contre-offensive en possède 285 opérationnels, principalement des M4A1, mais aussi quelques A2. Très rapidement, il démontre d'excellentes qualités au combat. Il possède en particulier une très bonne fiabilité mécanique qui lui permet des taux de disponibilités importants, contrairement à beaucoup de chars de son époque. Son armement, avec un canon de 75 mm en tourelle, est une révolution pour les équipages britanniques, car il permet de tirer avec sans exposer la caisse du char, comme c'est le cas avec le M3 Lee. Par rapport au chars britanniques contemporains, armés de canon de 40 mm, ce canon a une puissance suffisante en tir antipersonnel, en particulier contre les servants des canons antichars, et se révèle efficace contre des chars comme les Panzer III et Panzer IV. Il a donc une influence déterminante dans la défaite infligée à l'Afrika Korps. Cependant, il souffre aussi de graves défauts, qui vont apparaître, progressivement au cours de l'avancée des alliés en 1943. Le premier à être reconnu est sa tendance à prendre rapidement feu suite à un impact, qui lui valent les sobriquets peu flatteurs de Ronson par les britanniques et Tommy Cooker par les allemands. Sa haute silhouette, avec ses 2,74 mètres, se révèle aussi préjudiciable sur le champ de bataille, en particulier dans le désert. Les plaques supplémentaires, puis le stockage humide et le nouveau glacis améliorent la situation, mais sa hauteur et ses flancs verticaux en feront toujours un char bien plus vulnérable que le char soviétique T-34, de masse équivalente. L'emploi de l'essence comme carburant participe sûrement aussi à la grande vulnérabilité du char, mais il est à noter qu'elle permet d'utiliser des moteurs plus compacts et donc moins lourds, et qu'elle est aussi plus adaptée à l'industrie pétrolière américaine.
C'est avec l'apparition des chars Tigre, en Tunisie, que la faible capacité de perforation du canon M3 se fait jour. Les britanniques trouvent une parade avec l'usage de leur bon canon de 17 livres. Les Sherman spéciaux ainsi transformés, les Firefly, ne sont utilisés qu'à raison d'un ou deux par peloton de cinq. Pendant que les autres chars occupent le ou les blindés allemands de front, les Sherman Firefly tentent de se glisser sur le flanc de ceux-ci, où leurs obus ont de forte chance de pénétrer le blindage. Grâce à leur supériorité numérique et une bonne coordination due à l'emploi systématique de radio, cette tactique se révèle très efficace. Tout comme le T-34 sur le front Est, le Sherman constitue un bon char qui, bien qu'inférieur individuellement aux chars allemands, est capable d'exploiter sa supériorité numérique.
Une version amphibie est produite en ajoutant une jupe au tank, ainsi que deux hélices ; cette modification est appelée DD (Duplex Drive). Les Sherman amphibies participent au débarquement en Normandie. Seul un Sherman DD sur dix réussit à atteindre les plages de la Normandie : étant trop hauts, ils se renversent et coulent à pic, enfermant leur équipage dans le tank. (voir Hobart's Funnies) Aujourd'hui encore, beaucoup de pays du tiers-monde utilisent ce blindé. Le Paraguay utilise, et maintient en etat trois M4 Sherman.
Variantes
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