Opérations Albany et Boston
Albany et Boston sont les noms codes des opérations menées respectivement par les régiments parachutistes des 101e et 82e divisions aéroportées US dès la nuit du 5 au 6 juin 1944 dans le cadre général de l'opération Overlord. Elles furent précédées par la mise en place des pathfinders et suivies par l'atterrissage des planeurs de ces mêmes divisions. Les opérations des unités planées ont reçu, quant à elles, d'autres appellations : Chicago et Keokuk pour la 101e, Detroit, Elmira, pour la 82e. Le 7 juin sont exécutées les opérations de ravitaillement parachuté Memphis et Freeport et les opérations planées Galveston et Hackensack. L'imbrication des ces opérations dans leur exécution fut telle qu'il n'est pas possible de les décrire isolément. C'est pourquoi elles sont rassemblées dans ce même article.
Chaque division aéroportée
comprend :
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un QG
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trois régiments d'infanterie
parachutiste
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un régiment d'infanterie
planée
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un régiment d'artillerie de
campagne
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un bataillon d'artillerie
antiaérienne
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une unité de reconnaissance
planée
-
un bataillon de génie
-
des unités logistiques et
médicales
-
des pathfinders provenant
des diverses unités mais regroupés pour la mission de
balisage avant l'arrivée du gros
L'effectif total d'une division est d'environ
12.000 hommes dont presque 7.000 parachutistes
Unités |
82e Division Airborne |
101e Division Airborne |
Commandant |
Major General M. Ridgway |
Major General M. Taylor |
Adjoint |
Brigade General J. Gavin |
Brigade General Pratt (tué
le 6 juin) |
Pathfinders |
Major Roberts |
Capitaine Lillyman |
Parachute Infantry
Regiment (PIR) |
505 PIR (Col Ekman) |
501 PIR (Col Johnson) |
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507 PIR (Col Millet) |
502 PIR (Col Moseley) |
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508 PIR (Col Lindquist) |
506 PIR (Col Sink) |
Glider Infantry Regiment
(GIR) |
325 GIR (Col Lewis) |
327 GIR (Col Wear) |
Artillerie |
Col March |
Brigade General Mc Auliffe |
Bataillon génie |
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Logistique |
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Transmission |
MP |
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Pl Recce |
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Chaque régiment d'infanterie
parachutiste ou plané (PIR ou GIR) comprend trois bataillons.
Chaque bataillon comprend lui-même trois compagnies de
fusiliers. Les neuf compagnies de fusiliers d'un même régiment
sont désignées par une lettre de A à I. C'est ainsi que dans
le feuilleton "Band of Brothers", le capitaine Winters (qui a
vraiment sauté en Normandie) commande la E company:
c'est-à-dire la 2e compagnie du 2e bataillon de son régiment
(en l'occurrence, le 506e régiment du colonel Sink).
Le 325 GIR est renforcé par un
bataillon du 401 GIR
Le régiment d'artillerie de
campagne comprend un bataillon parachuté (obusier de 75 mm
fixé sous l'avion pour le largage) et deux bataillons
d'artillerie planée. |
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Les lettres
correspondent à l'emplacement des dropping
zones (DZ)
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A, C et D
pour la 101e Division
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N, T et 0
pour la 82e Division
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Mission
Derrière Utah Beach, le terrain
inondé et la configuration du réseau routier sont très
favorables à l'ennemi pour mener un combat retardateur et pour
lancer des contre-attaques. De plus, cette plage est isolée
par rapport à l'ensemble. La mise en place d'une tête de pont
aéroportée, tout en assurant le flanc ouest du débarquement,
doit faciliter l'accès à l'intérieur des terres aux troupes
qui vont débarquer sur cette plage.
Dans ce cadre, les missions
sont :
-
Pour la 101e
-
s'emparer des débouchés
des quatre routes venant de la plage à travers la zone
inondée et numérotées, du sud au nord, sorties 1 à 4
-
détruire la batterie
d'artillerie allemande déployée à
Saint-Martin-de-Varreville
-
s'emparer des ponts sur le
canal de Carentan et de l'écluse de la barquette (qui
permettrait, dit-on, l'inondation)
-
détruire deux ponts sur la
Douve
-
protéger la tête de pont
face au sud et à l'ouest
-
Pour la 82e
-
saisir et tenir le noeud
routier de Sainte-Mère-Église
-
s'emparer des passages sur
le Merderet (La Fière et Chef-du-Pont)
-
détruire des ponts sur la
Douve
-
protéger la tête de pont
face au nord et à l'ouest
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Six zones de saut appelées DZ (Dropping
Zone) ont été prévues. Chacune d'elle est identifiée par une
lettre. Les DZ A, C et D, situées entre la route N13 et Utah
Beach, sont attribuées à la 101e Division; les DZ O, N et T,
situées à l'ouest de Sainte-Mère-Église, à la 82e.
Des éclaireurs appelés
pathfinders sont chargés d'aller les baliser afin de permettre
le parachutage de masse (13.200 hommes et matériel) qui doit
suivre. Pour chaque DZ, trois C-47 (appelés Dakotas par les
Britanniques) sont chargés de parachuter chacun une équipe
(stick) de 18 pathfinders. Deux C-47 sont ajoutés pour le
largage de pathfinders chargés de rejoindre et de baliser des
LZ (Landing zone) qui seront utilisées plus tard pour
l'atterrissage des planeurs. Il va de soi que les équipages
chargés de larguer les pathfinders sont sélectionnés parmi les
plus expérimentés en navigation aérienne.
Une équipe de pathfinders
comprend une dizaine de spécialistes chargés du balisage
tandis que les autres hommes sont chargés de leur protection.
Le balisage est réalisé à la fois avec des moyens visuels
(lampes, la nuit; panneaux et fumigènes, le jour) et des
moyens radio-goniométriques. Les lampes utilisées sont conçues
pour être vues uniquement du ciel et ne sont allumées qu'au
dernier moment. Les moyens radio-goniométriques consistent en
émetteurs radio (AN/PPN-1A Beacon) plus connus sous le nom de
balises Eureka amenés, à raison de 2 par stick, par les
pathfinders. Les avions leaders de formation sont, quant à
eux, équipés d'un système Rebecca qui les guide vers la
balise.
Les pathfinders de la 101e
Division sont largués vers 00 h 30, heure de Londres,
c'est-à-dire le 5 juin avant minuit, heure française. Le
largage se fait assez correctement mais parfois à 1,5 Km de la
DZ et les avions de la DZ D, qui l'avaient dépassée, ont dû
faire demi-tour. Un avion manque; il est tombé en mer. Les
pathfinders de la 82e sont largués une heure plus tard. Seul
le balisage de la DZ O est réalisé complètement; c'est là que
le parachutage ultérieur sera le plus précis. Pour la DZ N, la
proximité d'Allemands empêche l'utilisation des lampes; seules
les balises sont installées; le parachutage du 507 PIR sera
une castastrophe. |
Les parachutages
Partant de divers aérodromes du sud-ouest de l'Angleterre, les itinéraires aériens se rejoignent avant de survoler la mer; ils traversent le Cotentin d'ouest en est. Quelques 800 Dakota, escortés par des Mosquito, larguent, entre 01 et 03 h, 13.200 hommes et leur matériel. Les 6.800 parachutistes de la 101e airborne arrivent en premier. C'est une nuit de pleine lune mais le temps est couvert sur la Normandie (8/10 de nébulosité). La FLAK (artillerie antiaérienne allemande) entre en action. Toutes les DZ n'ont pas pu être éclairées à temps. De nombreux pilotes manquent d'expérience et seuls les avions leaders, soit 1 sur 9, sont équipés du système de détection des balises. Dans ces conditions, beaucoup ne parviennent pas à garder le contact avec leur chef de formation et les parachutages se font de manière approximative. Certains hommes sont même largués à plus de 20 km de leur DZ. Le largage de la 82e commence vers 01h50. Ici aussi, la dispersion est grande. Plusieurs hommes tombent dans les inondations des vallées de la Douve et du Merderet. Il y a moins de noyades que ce qui a parfois été dit. Beaucoup de matériel, par contre, est perdu et les hommes qui s'extirpent des marais ne sont guère opérationnels. Comme deux sticks de la 101e qui y étaient déjà tombés un peu avant eux, quelques parachutistes atterrissent directement sur le village de Sainte-Mère-Église. Le plus connu d'entre eux est certainement le soldat John Steele dont le parachute est resté accroché au clocher de l'église. Seul, le parachutage du 505e PIR sur la DZ O constitue une réussite.
Les renforts et les
ravitaillements
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Les premiers renforts et
ravitaillements arrivent par planeurs le 6 juin à 4 h 00. Il
s'agit des opérations Chicago pour la 101e et Détroit pour
la 82e. Pour chaque division, atterrissent une cinquantaine
de planeurs WACO. Ils amènent principalement les bataillons
antiaériens (moins une batterie), des canons antichars, des
munitions et des moyens médicaux.
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Deux autres missions
planeurs sont exécutées le soir à partir de 21 h 00.
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La mission Keokuk amène avec
32 HORSA le 327e Glider Infantry Regiment de la 101e
division.
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La mission Elmira au profit
de la 82e est beaucoup plus importante. Une flotte de 36
WACO et de 140 HORSA est chargée d'amener en quatre lifts
ses deux bataillons d'artillerie planée ainsi que des moyens
médicaux et des renforts divers.
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Le 7 juin entre 6 et 7 h,
ont lieu deux ravitaillements par parachutes appelés
opérations Freeport (pour la 82e) et Memphis (pour la 101e).
Peu après 7 heures, c'est le 325 Glider Infantry Regiment et
d'autres renforts qui rejoignent la 82e division; il s'agit
des opérations Galveston et Hackensack qui comptent un total
de 107 WACO et 43 HORSA.
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L'ensemble des opérations
planées a permis de mettre en place 4.000 hommes, 290
véhicules, des obusiers, des canons antichars et 240 T de
fret mais il y eut pas mal de casse. Les derniers éléments
des divisions rejoindront avec les troupes débarquées.
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L'exécution des missions
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Peu après leur arrivée au sol, les officiers se rendent compte de l'impossibilité de regrouper leurs unités. En conséquence, des groupes hétéroclites, avec parfois des hommes des deux divisions, se forment autour des gradés. Les groupes qui se croisent s'assemblent. Ce sont finalement des colonnes de 50 à 200 hommes qui menées par un colonel ou un commandant de bataillon vont se charger d'exécuter les missions prévues. Des petits groupes isolés coupent les fils téléphoniques, réalisent des coups de main aux endroits où ils se trouvent et créent ainsi la confusion et l'insécurité chez les Allemands.
Une colonne menée par le lieutenant-colonel Ewell (3/501 PIR) mais aussi comptant dans ses rangs les généraux Taylor et McAuliffe s'empare de la sortie 1 (Poupeville). Le lieutenant-colonel Strayer (1/506 PIR) regroupe quelques 400 hommes et, après de durs combats, défend la sortie 2. Le lieutenant-colonel Cole (3/502 PIR) avec 120 hommes finit par contrôler les sorties 3 et 4. Les débouchés de Utah Beach sont ainsi assurés. Des Allemands seront pris au piège, coincés entre les parachutistes et les troupes débarquées. Le contact avec ces dernières est réalisé vers 13 heures.
La batterie de Saint-Martin-de-Varreville a été détruite par les bombardements mais des parachutistes occupent la position. Le lieutenant-colonel Cassidy (1/502 PIR) rassemble plusieurs hommes et assure la défense face au nord.
Le commandant du 1/501 PIR est tué peu après son atterrissage. Le patron du régiment, le colonel Johnson, avec quelques hommes, s'empare facilement de l'écluse de La Barquette qui n'est pas gardée. Il fait alors chercher des renforts et organise la position vers le sud. Toute la journée du 6, les Allemands mènent plusieurs attaques mais les parachutistes tiennent bon.
Les ponts sur le Merderet de La Fière et Chef-du-Pont tombe dans les mains des paras en fin de matinée. Le général Gavin lui-même a mené une attaque pour reprendre celui de Chef-au-Pont que les Allemands avaient repris. Le lieutenant-colonel Krause (3/505) s'empare de Sainte-Mère-Église dès 4h30 mais devra faire face ensuite à des attaques allemandes. Le lieutenant-colonel Vandervoort (2/505) dont le rôle sera tenu par John Wayne dans le film "Le jour le plus long", se démène comme un diable. La cheville cassée et transporté sur une remorque à munitions, il appuie d'abord la défense de Sainte-Mère-Église et assure ensuite la protection au nord face à la direction de Cherbourg.
Les hommes du 507 PIR sont extrêmement dispersés. Une dizaine de sticks ont atterri à 8 km au sud-est de Carentan! D'autres sont tombés dans les marais près de la DZ et se regroupent automatiquement en rejoignant le talus de la voie ferrée. En piteux état et à court de munitions, ils ne seront pas en mesure d'assurer leurs missions à l'ouest du Merderet. Le 508 PIR, aussi éparpillé, ne peut s'emparer de Pont-l'Abbé tenu en force par les Allemands; seul un point d'appui à l'ouest du Merderet peut être tenu. Le général allemand Falley qui commande la 91e division est tué dans une embuscade tendue par un groupe de six paras. Trois divisions allemandes tiennent le Cotentin : la 243e à l'ouest, la 709e à l'est et la 91e, en réserve, au centre. La 709e , avec des hommes âgés et des volontaires de l'Est est de médiocre qualité. La 91e , par contre, avec son noyau d'anciens paras, est excellente mais l'absence de son chef ralentira ses réactions.
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Conclusions
L'horrible dispersion des sticks aurait pu compromettre l'opération mais l'esprit d'initiative et l'instinct offensif des paras ont su redresser la situation. Contradictoirement, le fait qu'il y ait des parachutistes partout a freiné les réactions des Allemands qui, avec leurs communications coupées, se sentaient aussi isolés que leurs adversaires. En fin de la journée du 6 juin, la 101 a accompli la plupart de ses missions. A la 82e, la situation est plus critique car la tête de pont à l'ouest du Merderet n'a pas vraiment pu être réalisée; beaucoup d'unités sont toujours isolées. Malgré les pertes, 2.500 tués, blessés ou disparus, l'opération, dans son ensemble, reste toutefois un succès. Avant le 6 juin, certains généraux, dont principalement l'adjoint d'Eisenhower, l'Air Chief Marshal Leigh-Mallory, mettaient en doute l'intérêt des opérations aéroportées. Il faut dire qu'après la Crète, les Allemands eux-mêmes, y avaient renoncé. Des erreurs commises lors des parachutages alliés en Sicile avaient renforcé l'opinion des opposants. La réussite des opérations aéroportées de Normandie a sauvé le concept.
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